Les pouvoirs publics s’intéressent enfin aux objets connectés. La France s’apprête à adopter une nouvelle loi numérique. De son côté, l’Europe réfléchit à un règlement Européen sur la protection des données. Dans ce contexte, l’Institut Montaigne publie son rapport « Big data et objets connectés : faire de la France un champion de la révolution numérique ». L’occasion de montrer qu’en matière d’internet des objets, l’hexagone peut tirer son épingle du jeu.
La France, un potentiel de champion ?
L’Institut Montaigne est un Think Tank, un réservoir d’idées qui réunit des universitaires, des responsables d’entreprises ou encore des jeunes de divers horizons pour débattre des enjeux de la société.
Les objets connectés sont au cœur des dernières innovations numériques et touchent tout le monde : les individus, les pouvoirs publics et les entreprises. Une estimation économique réalisée par A.T. Kearney, un cabinet de conseil américain, montre que les objets connectés et le Big Data représentent un potentiel de création de valeur de 74 milliards d’euros en 2020 et 138 milliards d’euros en 2025, soit 7% du PIB. Ainsi, les objets connectés associés au Big Data sont un enjeu économique majeur qui impactera tous les pans de la société (logement, santé, mobilité, etc.). D’autant plus que la France et l’Europe vont bientôt se doter de nouvelles lois concernant le numérique et la protection des données.
Ainsi, l’institut Montaigne, à travers son rapport : « Big data et objets connectés : faire de la France un champion de la révolution numérique », montre que la France a les capacités pour devenir un champion en la matière à travers 13 propositions. Parmi elles :
- Inciter les entreprises à accélérer leur transformation numérique et à renforcer leur culture de la donnée en mettant en place, par exemple, des plateformes informatiques d’innovation communes pour les TPE et les PME.
- Favoriser l’émergence d’un « Etat plateforme » et simplifier les démarches administratives.
- Former les étudiants, les salariés et les fonctionnaires à l’Internet des objets.
Cependant, même si les avantages des objets connectés sont bien connus, les Français restent encore très réticents concernant leur utilisation.
« Dans l’air du temps et attractif »
Ainsi une question se pose : comment faire en sorte que la France soit championne de la révolution numérique si les Français sont plus réticents que d’autres pays à se procurer des objets connectés ?
En effet, un rapport de la GSMA montre que 25% des personnes en Allemagne, au Royaume-Uni, au Japon et aux Etats-Unis possèdent déjà un objet connecté. En France, d’après l’Observatoire des objets connectés, seulement 4% se disent intéressés par l’achat d’ « un contrôle central de la maison ».
Pour Alexandre Chaverot, Président d’Avidsen, les objets connectés en France intéressent plus la presse que les Français eux-mêmes. « Les objets connectés suscitent davantage l’engouement des médias que celui des consommateurs. Sujet dans l’air du temps et attractif en France car nous sommes nombreux à être performants dans ce domaine, la presse est devenue technophile. Pour preuve, l’importante couverture médiatique à l’occasion du CES à Las Vegas. Chez Avidsen, cela fait près de 10 ans que nous avons investi dans la domotique et la maison connectée. Nous savons donc combien coûte la volonté de pénétrer ce marché. Sans vouloir jouer les Cassandre, dans notre marché des objets connectés, il risque d’y avoir un peu de sang sur les murs. A la fin des années 90, une bulle spéculative, touchant les sociétés des secteurs de l’informatique et des télécommunications surévaluées, a fini par éclater. Les objets connectés connaîtront-ils le même sort ? », s’interroge-t-il.
Ainsi, pour que la France devienne le champion des objets connectés et de la Big Data, il faudra d’abord évangéliser les Français encore réticents. Pour beaucoup d’entre eux, il est difficile de faire le tri entre les gadgets et les objets connectés qui ont une réelle valeur ajoutée à leur apporter au quotidien. Seul l’avenir pourra nous confirmer si les objets connectés représentent bien un enjeu économique majeur pour la France.