La future Cité des Objets Connectés dépasse doucement mais sûrement, le stade de projet. Le 18 juin dernier, Arnaud Montebourg, Ministre de l’économie, du redressement productif et du numérique, donnait le coup d’envoi de cette ambitieuse création, à l’occasion du quatrième comité de pilotage des 34 plans de la Nouvelle France industrielle. Un déroulement logique et conforme au souhait formulé par l’ex-ministre déléguée à l’Economie Numérique, Fleur Pellerin, lors de ses vœux annuels à la presse en janvier dernier, de créer un centre technologique regroupant le savoir-faire Français autour de l’Internet des Objets.
C’est donc sur un site industriel de la commune d’Angers, dans le département du Maine-et-Loire (49), que le gouvernement a jeté son dévolu pour ce projet. A quelques encablures de la Touraine voisine et du siège d’Avidsen à Chambray les Tours (37) qui se félicite de cette initiative.
Dans une interview pour Le Figaro, la nouvelle secrétaire d’Etat chargée du numérique, Axelle Lemaire, explique ce choix, loin d’être établi par hasard :
« Cette ville dispose de nombreux atouts, à commencer par des établissements scolaires et universitaires, allant du bac professionnel au diplôme d’ingénieur. Toutes les spécialités nécessaires à cette filiaire sont représentées: l’électronique, la plasturgie, la mécanique… La main d’œuvre est sur place ! ».
Autre point fort, l’entreprise Eolane, un des porteurs du projet et grand fabricant français d’électronique, dispose déjà d’une usine sur place. Si la Cité des Objets Connectés doit beaucoup à l’impulsion de l’entreprise Eolane ainsi que plusieurs industriels locaux, le chef de file de cette aventure reste Eric Carreel, président fondateur de Withings, Invoxia et Sculpteo. Fort de son succès lors du dernier Consumer Electronic Show 2014 (CES) de Las Vegas, qui a redoré à l’occasion, le blason des start-up françaises dans le domaine des objets connectés, Eric Carreel explique qu’il faut renforcer cette industrie en « creusant les savoir-faire et en apprenant à faire savoir ».
Une vitrine de 16 000 m² au service du Made in France
Pour ce faire, le projet à 15 millions d’euros prendra la forme d’un site industriel de 16 000 m², avec à son bord une cinquantaine d’employés. L’investissement devrait s’étaler sur trois ou quatre ans, puis le projet devrait normalement se dupliquer vers d’autres villes en France. Cette cité qui regroupera « des bureaux de passage, des outils de prototypage, un espace d’innovation industrielle et l’ensemble des outils nécessaires à la production industrielle d’objets finis (électronique, mécanique, plasturgie, intégration) », vise à regrouper dans l’hexagone toute la chaîne logistique des objets connectés, depuis la conception à la création. Pour Fleur Pellerin, « les objets connectés représentent une opportunité de réindustrialisation », et c’est à l’occasion de la création de la Cité que le gouvernement souhaite faire de la France le numéro un du secteur. Une position qui permettrait de faire rayonner le savoir-faire français à l’International, quelque peu mis à mal par la concurrence étrangère.
Si les enseignes Auchan, Carrefour, FNAC et Darty se sont déjà portées volontaires pour appuyer la commercialisation du projet, Eric Carreel se penche dès lors sur la mise en place d’une grande conférence dans le cadre de la FrenchTech et souligne le fait que « Les objets connectés French Tech doivent être demain connus et reconnus, du consommateur français au journaliste américain ».
Si la vitrine est en cours de construction, ça se bouscule déjà sur les étals. Selon l’Idate, ce seront plus de 80 milliards d’objets connectés qui seront disponibles sur le marché. Les solutions domotiques avec box pour la maison et les montres connectées pour la santé seront les produits phares de ce gigantesque marché des objets connectés d’ici 2016.
Si le public se prépare à ces nouveaux arrivants, les réseaux cellulaires existants quant à eux, ne pourront acueillir et supporter cette charge importante. Selon le gouvernement, « le projet de réseau européen porté par Sigfox constituera une des réponses », soit un réseau européen uniquement dédié aux objets connectés et très certainement accompagné d’un réseau 5G. Insaisissable progrès…